Le mal des montagnes ou mal aigu des montagnes, aussi appelé MAM, est un phénomène très connu dans le monde de l’alpinisme. Les symptômes apparaissent au-delà d'une certaine altitude qui est, en général, aux alentours des 3 000 mètres. Cependant, il reste encore de nombreuses zones de flou pour les voyageurs adeptes du tourisme d’aventure, par exemple.
Afin de vous aider à y voir plus clair, Atalante a interrogé une spécialiste pour répondre à vos questions. Le docteur Sonia Popoff, médecin urgentiste de montagne, nous explique tout ce qu’il faut savoir sur le MAM : définition, symptômes et prévention.
Que faut-il retenir ?
Il est important de faire la différence entre les symptômes liés à l’acclimatation, qui correspondent à un mal des montagnes léger, et aux complications qui représentent réellement le mal aigu des montagnes.
- La période normale d’acclimatation : elle dure une bonne semaine et comprend des symptômes comme les maux de tête, les troubles du sommeil, le manque d’appétit et l'essoufflement.
- Les complications du mal aigu des montagnes : il peut s’agir d’un œdème cérébral ou œdème pulmonaire, par exemple, et c’est ce que l'on entend réellement par mal des montagnes.
- La prévention : certains traitements préventifs existent et il est possible, voire recommandé, de faire une consultation avec des médecins spécialisés avant de partir sur un trek en altitude.
Qu’est-ce que le mal des montagnes ?
Beaucoup de personnes confondent le mal des montagnes avec l’acclimatation. Le Dr Sonia Popoff nous éclaire afin de mieux comprendre ce qu’est réellement le mal aigu des montagnes : “La période d’acclimatation est normale, elle dure environ 1 semaine, le temps que l’organisme s’habitue à l’altitude et fabrique des globules rouges par le biais du rein et de la sécrétion des érythropoïétine (hormone qui stimule la fabrication des globules rouges), ou EPO. Le corps augmente le taux d'hémoglobine afin d’aider à l’oxygénation des muscles et faciliter l’effort en altitude.”.
Elle précise qu’”il ne faut pas confondre l’acclimatation avec le véritable mal des montagnes, qui réside dans les complications liés à une non acclimatation.”. De plus, on a pour coutume de dire qu’on manque d’oxygène mais c’est faux, “le taux d’oxygène est le même en altitude qu’en bas, c’est l’air qui se dilate parce que la pression atmosphérique diminue lorsqu’on monte. Le volume de vos poumons, lui, est toujours le même donc plus vous allez monter, moins il y aura de molécules d’oxygène dans le volume d’air que vous allez respirer. On retrouve donc un effet de volume et de pression qui fait que l’oxygène se raréfie alors que la composition de l’air reste le même.”.
On ne peut faire aucun lien entre le niveau physique et/ou d’entraînement avec la capacité à être bon ou mauvais répondeur à l’altitude. Comme nous l’explique le Dr Popoff, la spécialiste, “vous pouvez être un sportif de haut niveau, ça ne change rien, vous êtes soumis aux mêmes règles d’acclimatation que le citadin lambda car vous ne possédez pas ces fameux globules rouges au départ et votre corps doit les fabriquer”.
Quels sont les symptômes du mal aigu des montagnes ?
Les symptômes du mal des montagnes léger ressentis lors de l’acclimatation sont “les maux de tête, l'essoufflement, les troubles du sommeil et le manque d’appétit”. Chaque personne peut les ressentir plus ou moins intensément et, le symptôme le plus courant demeure “les maux de tête avec 97 % de personnes touchées”. Il faut donc rester vigilant et prendre le temps.
Tant que vous ressentez un ou plusieurs de ces symptômes, c’est que vous n’êtes pas encore acclimatés. Après une semaine, vous devriez commencer à vous sentir de mieux en mieux. Cependant, certaines personnes n’arriveront pas à s’acclimater et peuvent déclencher des complications comme l’œdème pulmonaire de haute altitude ou l'œdème cérébral de haute altitude. “Ce sont ces complications qui constituent le véritable mal aigu des montagnes et, dans ce cas, la seule solution est de redescendre.”.
À partir de quelle altitude peut-on parler de mal des montagnes ?
De manière générale, “Les symptômes du mal d’altitude commencent pour la plupart des gens autour des 2 500 - 3 000 mètres. Néanmoins, vous pouvez trouver des personnes qui vont être malades à 2 000 mètres et qui ne vont pas bien supporter mais, cela reste exceptionnel.”. De plus, il est important de noter qu’en fonction de l’endroit où vous vous situez sur la planète, “la pression n’est pas la même, certains sommets à 6 000 mètres d’altitude sont donc considérés comme plus abordables que d’autres. En effet, le Kilimandjaro est estimé plus facile car il y a moins de diminution de pression quand on monte. Par contre, le McKinley, ou Denali, en Alaska est considéré plus difficile car l’effet de la pression se ressent plus et, à altitude égale, cela s’avère plus compliqué de respirer car l’air se dilate davantage.”.
Comme l’explique le Dr Sonia Popoff, “nous ne sommes pas tous égaux face à l’altitude et, chez une même personne, à époque différente, le mal aigu des montagnes peut se déclencher alors qu’elle n’avait jamais eu de problème avec l’altitude auparavant”. Il faut donc toujours rester vigilant sur la période d’acclimatation et l’évolution des symptômes.
Comment prévenir le mal des montagnes ?
Au départ, “il faut vraiment s’acclimater très doucement, ne pas faire d’effort violent et monter d’un camp à un autre en marchant lentement”. Certaines règles d’acclimatation sont donc à suivre, il faut limiter à “400 mètres de dénivelé positif par jour de manière générale. Cependant, en fonction de l’endroit où se situe le camp et les difficultés techniques, par exemple, cela peut être 600 mètres ou 300 mètres.”.
Comme l’explique notre spécialiste, “des traitements préventifs sont également disponibles sur ordonnance mais, ils ne sont pas remboursables par la sécurité sociale car cela reste de la médecine préventive”. Néanmoins, la préparation d’une “pharmacie d’expédition s’avère essentielle". Afin de la constituer, vous pouvez tout simplement prendre rendez-vous pour une consultation en présentiel ou en distanciel auprès d’un centre spécialisé. Vous avez également la possibilité de réaliser, dans ce type de centre, un test à l’hypoxie afin de voir “si vous êtes bon ou mauvais répondeur à l’altitude. Un bon répondeur c’est une personne qui va accélérer sa fréquence respiratoire et sa fréquence cardiaque naturellement lorsqu’elle arrive en altitude.”. Ce test peut être conseillé, “surtout pour ceux qui sont déjà aller en altitude et qui ont été malades afin de voir si un facteur aggravant peut être la clé de l’explication”.
Il est primordial de sensibiliser les gens au mal des montagnes, le Dr Sonia Popoff nous explique qu’il est nécessaire "d’alerter le guide ou un membre du groupe de son état de santé et des symptômes que l’on ressent. Cacher ces derniers pour s’assurer d’aller en haut est une erreur fréquente et dangereuse. Mais, les guides sont très bien formés là-dessus, ils savent parfaitement repérer la présence des symptômes et savent expliquer aux gens comment se comporter.".
Des caissons de recompression existent également et représentent une solution pour les personnes vraiment très malades à cause de l’altitude. Avant de les faire redescendre, il est possible de leur faire faire une “séance d’1h dans le caisson de recompression afin de faciliter la redescente”.
Vous partez faire le Kilimandjaro, par la voie Machame ou Lemosho, ou faire le tour de l'Ausangate au Pérou ? Il est important que vous preniez connaissance de ce qu’est le mal des montagnes. Pour cela, il est tout à fait envisageable et même recommandable d’effectuer un rendez-vous préalable à votre voyage. Ainsi, les médecins spécialisés sauront vous expliquer tout ce que vous devez savoir et pourront adapter la consultation à vos éventuelles pathologies.