Pourquoi vouloir faire l’ascension du Kili ?
J’avais depuis un moment la volonté de me « confronter » à l’altitude. Sportif et amateur de randonnées, je n’étais jusque-là jamais monté plus haut que 3 200 mètres. Le Kili me semblait donc être idéal pour franchir un nouveau cap, puisqu’on monte haut, mais de manière progressive, en respectant bien les palliés d’acclimatation. Et surtout cette ascension n’est pas technique, ne demande pas de compétences d’alpinisme. J’ai pris ce voyage comme un défi, motivé aussi par le côté mythique de monter sur le toit de l’Afrique.
Avais-tu des appréhensions avant le départ ? Si oui, lesquelles ?
Je savais que j’arrivais en Tanzanie suffisamment préparé, au niveau du physique, du mental et du matériel. Donc, je n’ai pas eu énormément d’appréhensions avant le départ. La seule inconnue résidait sur l’adaptation de mon corps à l’altitude… mais ça on ne peut pas savoir avant d’y être ! Et de toute façon, certains alpinistes aguerris ont parfois du mal à y faire face, comme les plus grands marins qui ont tous un jour ou l’autre eu le mal de mer.
Comment t’es-tu préparé en amont (sports, durée, fréquence...) ?
Tout au long de l’année, je pratique le handball avec deux entrainements et un match par semaine, ce qui me permet d’avoir une base correcte niveau cardio. Quand ma saison de hand a pris fin, à un mois et demi de mon départ pour le Kili et alors que je me relâche un peu habituellement à cette période, j’ai décidé de redoubler d’efforts en faisant du sport quasi quotidiennement. Des footings principalement, de 30 à 45 minutes, du vélo pour me rendre au boulot, mais aussi des activités plus ludiques comme du foot entre amis. J’ai également effectué une rando itinérante sur 3 jours dans les Alpes (le Tour des Aiguilles Rouges), pour reprendre l’habitude de marcher plusieurs journées d’affilée.
Quel équipement spécifique as-tu emmené ? Comment as-tu choisi ton équipement (blogs, conseils auprès des collègues...) ?
Les fiches techniques des voyages Atalante sont suffisamment bien détaillées, j’ai donc suivi à la lettre ces recommandations. C’est crucial selon moi de le faire : quand on possède l’équipement et le matériel nécessaires pour faire face à toutes les conditions, on s’enlève du stress et on s’évite des situations potentiellement compliquées à gérer.
Bon à savoir : il est possible de louer auprès de notre équipe locale des sacs de couchages, en très bon état, pouvant supporter des températures allant jusqu’à -29°C… testé et approuvé !
Comment s’est déroulée l’ascension ?
C’est la richesse du Kili et de la voie Machame que j’ai empruntée, les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas puisqu’on débute dans la forêt équatoriale et humide, on termine au sommet d’un volcan avec vue sur glacier et entre-temps, on parcourt différents types de paysages. On marche assez rapidement au-dessus des nuages et ce spectacle est vraiment grandiose. En termes d’efforts, c’est également assez varié, certaines étapes sont plus courtes que d’autres afin de favoriser l’acclimatation ou de reprendre des forces en vue de la journée suivante.
Est-ce qu’elle s’est déroulée comme tu l’avais imaginée ?
Je ne m’étais honnêtement pas trop projeté sur l’ascension en elle-même, j’ai préféré me concentrer sur la préparation et je faisais pleinement confiance à l’équipe sur place. On est super bien encadrés, avec des guides professionnels et enthousiastes qui ont vraiment à cœur d’emmener tout le groupe au sommet, ce qui a été le cas pour nous ! Ils nous recommandent d’ailleurs sur place de ne pas trop se projeter sur les jours suivants, de prendre les étapes les unes après les autres… et ça marche bien comme ça !
En termes de difficulté, est-ce que c’était plus ou moins difficile que ce que tu t’étais imaginé ?
Un peu des deux ! Comme je ne m’étais pas trop projeté dans le détail sur les différentes étapes de l’ascension, j’ai trouvé que les premières journées étaient assez abordables, mais que d’autres, notamment celle de l’ascension finale, ont été particulièrement éprouvantes et rendent l’ensemble un peu plus difficile que ce que j’avais en tête.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Comment l’as-tu géré ?
Clairement l’ultime ascension, qui se fait de nuit. Heureusement, j'ai bien réussi à me reposer avant le « réveil » à 23h pour un top départ vers minuit depuis le camp de base, qui se situe à 4 600 mètres d’altitude. Le plus dur débute alors, une lente ascension à la frontale, ça grimpe fort, il fait très froid et l’oxygène commence à se faire de plus en plus rare. On se demande forcément si on va réussir à aller au bout, c’est normal, et chacun utilise alors ses ressources mentales pour avancer pas après pas vers le toit de l’Afrique !
Comment cela se passe pour l’hygiène ?
Une tente WC avec des toilettes chimiques est installée chaque jour sur le camp donc de ce point de vue là, pas de souci à avoir. Durant la marche, il suffira de dire que l’on va« chercher la plante médicinale », comme nous l’a appris notre guide, et de s’éloigner un peu du sentier pour faire ses besoins urgents. Et une fois arrivés au campement, de l’eau chaude est mise à notre disposition pour faire une toilette de chat. Même si la tentation est grande de se reposer, je recommande de ne pas trop trainer pour prendre sa bassine et se débarbouiller à l’abri des regards si besoin, car une fois que le soleil commence à se cacher, il fait trop froid et la motivation de la douche disparait !
Est-ce que tu t’es beaucoup renseigné avant ton départ ou est-ce que tu t’es « laissé porter » et fais confiance à l’équipe sur place ?
Comme dit précédemment, je me suis complètement laissé porter et j’ai trouvé ça très agréable, j’aurai tendance à recommander aux futurs voyageurs de faire la même chose, mais cela dépend du caractère de chacun, certains préfèrent tout connaitre avant de partir et libre à eux de le faire. Au risque de me répéter, se laisser porter ne signifie pas que l’on peut arriver sans préparation : l’entrainement physique et le matériel doivent s’anticiper !
Que retiens-tu de cette expérience ?
Il me faudrait deux heures et 30 lignes en plus sur cette page pour dire tout ce que je retiens, mais comme souvent en voyage, on se souvient du côté humain. La joie et les larmes sur les visages des personnes arrivées au sommet ne peuvent pas laisser insensibles, tout comme la gentillesse des porteurs qui nous ont accompagné tout au long et cette aventure, avec qui on a partagé des beaux moments en découvrant un peu de leur culture au son des chants du Kilimandjaro !
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
Les rendez-vous quotidiens pour les tests en oxymétrie ! Deux fois par jour, le matin et le soir, les guides nous rendaient effectivement visite sous la tente où nous prenions nos repas pour effectuer des contrôles de sécurité, mesurer le taux d’oxygène dans le sang, le pouls, savoir si on avait bien mangé, dormi, eu des vertiges etc… Des moments parfois stressants et solennels, mais aussi souvent drôles, qui ont soudé le groupe.
Qu’est-ce qui t’a le plus surpris ?
J’ai été surpris les premiers jours par le rythme très lent imposé lors des marches par les guides. « Pole, pole », comme ils disent, une expression en swahili signifiant tranquille, doucement. Le but est d’économiser ses forces tout au long du trek, de prendre une habitude de marche lente pour arriver jusqu’au sommet, un pas après l’autre ! Ça peut surprendre au début, mais il faut faire confiance aux guides et le résultat final est au rendez-vous.
Si c’était à refaire, le referais-tu ?
Selon moi, c'est encore un peu tôt pour répondre à cette question. Un compagnon de voyage très expérimenté en haute montagne m’a expliqué qu’il fallait du temps pour « digérer » une première ascension de ce type. Soyons honnête, quand on arrive en bas après tous les efforts fournis lors de la montée et la longue descente… on en a plein les bottes ! Mais quand on est de retour en France, on réalise petit à petit que c’était une aventure extraordinaire. Alors pourquoi pas recommencer un jour ?
Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaiteraient réaliser cette ascension ?
Demandez-vous pourquoi vous avez vraiment envie de faire cette ascension, et si la motivation est là, c’est déjà une grande partie de la réussite. Ensuite, n’oubliez pas qu’une bonne préparation physique permet d’avoir confiance en soi dans les moments les plus difficiles que vous pourrez être amenés à traverser.