Originaires du sud de la Chine, les Hmongs, anciens nomades, ont quitté l’Empire du Milieu il y a près de 300 ans, pour rejoindre les terres de l’Indochine, où ils se sont sédentarisés. Au Vietnam, l’ethnie Hmong comptent près de 900.000 individus et se divise en plusieurs groupes locaux : les Hmongs noirs, verts, blancs, bleus et fleuris. Ils habitent dans le nord du Vietnam, une zone reculée à la beauté sauvage et aux montagnes tapissées de vert, connue pour être la plus authentique du pays.
Un savoir-faire reconnu
Connus pour leurs costumes traditionnels, les Hmongs tissent eux-mêmes leurs vêtements, qu’ils teintent et décorent par la suite. Ces techniques sont propres à chaque ethnie, permettant ainsi de s’identifier et de se démarquer. Au Vietnam, on rencontre les Hmongs blancs, verts, noirs, bleus et fleuris. De manière générale, les femmes portent une large jupe froncée, surmontée d’une blouse à manches longues, attachées par une large ceinture en tissu. De nombreux bijoux ainsi qu’une coiffe viennent parfaire la tenue traditionnelle des femmes Hmongs au Vietnam. Alors que les femmes Hmongs blanches portent des jupes en tissu écru, les femmes Hmongs vertes, noires et fleuries portent des jupes indigos. Il est également à noter que les jupes des femmes Hmongs noires est légèrement plus courte que les autres et que celles des femmes Hmongs vertes est droite. Les hommes quant à eux portent un pantalon large, une veste ample nouée à la taille et un bérêt en tissu brodé.
Avec le temps, ces costumes traditionnels ont évolué pour s’adapter à la vie et la culture actuelles.
Des coutumes ancestrales transmises de génération en génération
Une des coutumes surprenantes concerne le mariage. Lorsqu’un homme souhaite épouser une femme, il doit l’enlever puis la famille du jeune homme ira ensuite se présenter à celle de la jeune femme afin de discuter du prix du mariage. En général, il s’agit d’argent, de nourriture, d’alcool de riz et d’outils. Toutefois, avec les années, cette coutume a tendance à disparaître mais les mariages arrangés restent la norme. Les mariages donnent lieu à de grandes fêtes avec des rituels traditionnels, de la musique et de la danse. Au sein des familles, les hommes, les chefs de famille, prennent les décisions importantes pour la famille. Les femmes, quant à elles, gèrent le foyer, comprenant les enfants et les repas, mais également la confection de vêtements et de bijoux, le tissage, la broderie, la teinture et la poterie. La solidarité familiale est une des valeurs fondamentales chez les Hmongs.
Leurs maisons traditionnelles sont très simples, bâties avec des matières naturelles, le plus souvent du bois, du bambou et du chaume. Afin de se protéger des animaux et des inondations, les maisons sont construites sur pilotis. À l’intérieur de chaque maison se trouve un autel des ancêtres, sur lequel les offrandes sont déposées en leur mémoire. Chaque village se compose de plusieurs habitations traditionnelles et de lieux communautaires, tels que les temples, où se déroulent les évènements importants.
Les croyances au cœur de la vie des Hmongs
Malgré la présence du christianisme et du bouddhisme, l’animisme occupe une place importante dans la culture Hmong. Celle-ci consiste en la croyance qu’en chaque élément, naturel ou non, se trouve une âme. Pour eux, les esprits et les ancêtres ont un pouvoir sur le monde des vivants et c’est pour cette raison qu’ils les respectent et les honorent afin d’obtenir leur bénédiction et leur protection. Pour les Hmongs, chaque individu naît avec trois âmes :
-l’âme Esprit, la plus importante, qui représente l’identité et la destinée de la personne
-l’âme Vitale, responsable de la santé, qui peut quitter le corps lorsque la personne est malade
-l’âme Ombre, liée à la mort et à l’au-delà
De nombreuses fêtes rythment la vie quotidienne des Hmongs, tout au long de l’année. Une des fêtes les plus importantes est celle du Nouvel An lunaire, connu sous le nom de “Têt Hmong” ou “Têt Doan Ngo”. Trois jours durant, en janvier ou en février, les Hmongs se retrouvent pour un grand moment festif autour de chants, de danses et de jeux traditionnels.
En septembre ou en octobre, a lieu le “Têt Kho Ba”, la fête de la récolte, marquant la fin de la saison des récoltes. Les Hmongs organisent des sacrifices à destination des esprits ou des ancêtres afin de célébrer l’abondance de leurs récoltes.
Tandis que ces fêtes sont célébrées par l’ethnie Hmong dans sa globalité, d’autres fêtes ne sont célébrées que par quelques communautés Hmongs. C’est le cas, par exemple, du “Têt Con Goong”, la fête de l’éléphant, spécifique aux Hmongs blancs. Généralement organisée en juillet ou en août, elle a lieu en l’honneur des éléphants, considérés comme des animaux sacrés.
Un mode de vie durable, en symbiose avec leur environnement
En arrivant au Vietnam, les Hmongs n’ont pas eu le droit de travailler sur les terres fertiles, alors ils se sont rapprochés des sommets, où ils ont sculpté les paysages. À mains nus, ils ont taillé les rizières, sur lesquelles leurs descendants continuent de travailler aujourd’hui.Les Hmongs vivent principalement de l’agriculture, avec de nombreuses cultures en terrasse. Ils cultivent notamment le riz, les haricots, l’orge, le maïs, les pommes de terre, différentes variétés de légumes, ainsi que des arachides et du sésame. Grâce à des pratiques agricoles ancestrales transmises de génération en génération, ils pratiquent une agriculture durable, telles que la culture intercalaire, à savoir la culture de plusieurs plants sur une même parcelle. En complément de l’agriculture, ils pratiquent l’élevage de poulets, de vaches, de buffles et de cochons, leur permettant d’avoir viande et produits laitiers. Sur ces terres d’altitude, ils sont les seuls à cultiver le thé des montagnes, une tâche réservée aux femmes. Pieds nus, elles grimpent sur ces arbres centenaires pour récolter les feuilles qui constituent l’un des thés les plus prisés de la planète. Une légère acidité, puis une amertume, un goût puissant, qui laisse ensuite un goût très doux dans la bouche. Tout comme son thé, sa cuisine est très aromatique avec l’utilisation de nombreuses épices (piment, coriandre, citronnelle, gingembre…), ainsi que de la sauce soja, de la sauce d’huîtres et de la sauce de poisson. La base de la cuisine hmong repose sur du riz blanc, des légumes sautés et un morceau de viande bouilli ou frit.
Les Hmongs se retrouvent autour d’un plat commun, placé au centre de la table, qu’ils partagent tous ensemble. Un de leur plat préféré est le Thang Co, une soupe au pot composée de différents morceaux de bœuf (os, intestins, foie, cœur, poumons).
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